Panneau 13 : Port du Noyer

Un village à l’entrée de Libourne

Situé juste en face de la bastide, sur la commune d’Arveyres au Port du Noyer, le ponton Jeanne d’Albret constitue aujourd’hui l’une des portes d’entrée de Libourne pour nombre de croisiéristes. Le visiteur remarque au premier regard les quais de Libourne et le pont majestueux qui enjambe la Dordogne depuis 1824. Avant cette date, la traversée de la Dordogne ne pouvait se faire qu’avec des embarcations privées ou avec un bac qui assurait des passages réguliers entre Libourne et l’autre rive. Le Port du Noyer, point d’accostage de ce bac était un petit village habité par les gens du fleuve, marins et pêcheurs. Il dépendait de paroisse d’Arveyres et de la puissante seigneurie de Vayres. Il faut longer les berges en allant vers la gauche en descendant du ponton pour découvrir, au-delà du pont, ce village en bord de rivière avec ses petites ruelles de caractère.

Palus, Esteys et Jalles

La commune d’Arveyres est très étendue. Elle se développe sur un plateau qui domine la vallée de la Dordogne, ainsi que sur une presqu’île formée par une boucle de la rivière. Cette zone est appelée la Palus d’Arveyres. Le mot palus, vient de paludis, qui en latin désigne les marais. C’est ainsi que l’on appelle en Gironde les terres inondables qui bordent les fleuves, terres riches essentiellement à vocation agricoles. Plusieurs cours d’eau y circulent :

Les esteys :  ruisseaux naturels. Les hautes eaux de la marée remontent dans leur lit.

Les jalles : canaux creusés au 18ème siècle pour permettre le drainage des eaux en hiver et l’irrigation des terres été. La régulation des eaux est réalisée grâce à un réseau de fossés secondaires et de vannes implantées sur des digues qui longent la Dordogne.

Les palus ont été largement épargnées par l’urbanisation. Pour les découvrir, suivre la route le long de la rivière, sur la droite en quittant le ponton. Elles recèlent une grande diversité de faune et de flore sauvages.

Quelques Bâtiments

L’ouverture du pont de Libourne et de la route conduisant à Bordeaux au 19éme siècle a permis au Port du Noyer de bénéficier d’un développement économique complémentaire à celui de Libourne. D’une architecture typique, à quelques mètres du ponton, les premiers chais des négociants en vins sont toujours en activité.

Port du NOYER : Développement internet

Le Port du Noyer est implanté sur la commune d’Arveyres, il fait face à Libourne à l’entrée du pont sur la Dordogne. Sur les rives de la Doprdogne de nombreux lieux-dits portent le titre de Port : Port Moran, Port Brau, Port Chauvin…  Il s’agit pour la plupart d’anciens Peyrats, aménagements empierrés construits sur la rive pour faciliter l’accès des riverains aux nombreux bateaux qui circulaient jadis sur les rivières.  Sur la commune d’Arveyres, parmi tous ces sites, le Port du Noyer, présente plusieurs particularités notamment son urbanisme, son voisinage avec Libourne et avec le pont sur la Dordogne.

Quelques mots sur la commune d’Arveyres

Arveyres est une commune limitrophe de Libourne qui s’étendlargement sur un méandre de la Dordogne formant une presqu’île. Deux agglomérations animent son territoire :

  •  à 4 km de Libourne, le bourg d’Arveyres est situé sur le contrefort du plateau de l’entre-deux-mers. Il constitue le centre urbain et administratif de cette commune de 17 km2 et de plus de 2000 habitants. Autour du bourg, sur les terres hautes, les exploitations viti-vinicoles dominent le paysage.
  • Sur les rives de la Dordogne, face à Libourne, le Port du Noyer (aussi appelé Port du Nouguey, en occitan) constitue la seconde agglomération de la commune. Entre le bourg d’Arveyres et le Port du Noyer s’étendent les terres basses de la presqu’île. Ces terrains alluvionnaires et inondables sont généralement exploités pour l’élevage ou pour la plantation de peupleraies, moins souvent pour la vigne.

Arveyres possède une histoire riche. Dépendant de la baronnie de Vayres, des donations seigneuriales effectuées au début du Moyen-Âge permirent à l’ordre des Templiers d’y construire une commanderie. Après la suppression de l’ordre en 1312, ces domaines seront repris par les chevaliers de Malte. Non loin du bourg, les ruines de cette commanderie subsistent encore. Entre les 13ème et 17ème siècles Arveyres et la baronnie de Vayres font partie des domaines de la célèbre famille d’Albret dont descend Henri IV.

Le port du Noyer ou le destin d’un peyrat

A son origine, le Port du Noyer était donc un simple peyrat. Toutefois sa situation géographique lui conférait le privilège d’être relié à Libourne directement par un bac. Depuis le Port du Noyer un simple chemin traversant champs, bois et marais, permettait d’atteindre le Bourg d’Arveyres et, au-delà, de rejoindre la route de Bordeaux. Toutefois cet itinéraire mal commode ne pouvait être suivi qu’à la belle saison, le chemin étant noyé par les inondations hivernales.

 

Les habitants du Port du Noyer vivaient essentiellement des activités du fleuve, pêche et transports de marchandises, auxquelles pouvaient s’ajouter l’exploitation de lopins de terre.

Avec l’achèvement du pont routier en 1824 et d’une route carrossable et utilisable en toutes saisons, la situation du Port du Noyer va évoluer. Au cours du 19ème siècle Libourne connaît un fort développement du négoce des vins. Il en résulte la construction de nombreux entrepôts le long des rivières à Libourne ainsi qu’au Port du Noyer. Ces entrepôts, aussi appelés chais bénéficiaient de la proximité des rivières par lesquelles le trafic marchand est toujours important jusqu’aux années 1900, et désormais de la facilité du transport routier qui n’allait cesser de se développer.

 

Lentement l’urbanisation du village va également se développer. Aux habitations les plus anciennes espacées en bords de fleuve, vont s’ajouter un certain nombre d’échoppes et de villas distribuées sur les voiries anciennes parfois étroites et tortueuses qui font toujours le charme du village.

L’implantation d’un casino et d’une salle de danse, aujourd’hui disparus, firent aussi du Port du Noyer une destination pour les libournais en quête de distractions. Il conserve aujourd’hui l’ambiance d’un village tranquille en bord de rivière, lieu de promenade apprécié.

Le pont de pierre

La construction du pont sur la Dordogne eut d’énormes conséquences sur l’évolution de Libourne et du Port du Noyer. Jusqu’au début du 19ème siècle. Il n’existait aucun pont à Libourne non plus qu’à Bordeaux. Il n’y avait alors aucune technique permettant d’implanter des fondations suffisamment solides dans ces eaux larges et puissantes qui s’écoulent sur un sol instable et vaseux. La nécessité de préserver la navigation d’embarcations à voiles était une difficulté supplémentaire.

L’absence de pont sur les deux principaux fleuves du Sud-Ouest créa des difficultés importantes pour la circulation des armées napoléoniennes durant la guerre d’Espagne (1808-1814). C’est à cette époque que furent étudiés les premiers projets prenant en compte les dernières avancées techniques.

La construction du pont de Libourne fut réalisée entre 1820 et 1824. Ses 9 arches de pierre et de briques prennent appui sur des fondations constituées de pieux de bois et sur lesquels reposent des caissons remplis de rochers. Le financement de l’opération fut en grande partie réalisé par une société d’armateurs bordelais qui perçut un péage pendant les premières années de mise en service du pont.

L’ouverture de ce pont eut des conséquences économiques importantes, il parachevait la construction d’un axe routier important entre Paris et Bordeaux et au-delà vers l’Espagne avec la création d’un route nationale commencée cinquante ans auparavant. Il permit à Libourne de se maintenir dans les flux commerciaux générés par cette route.  En revanche, l‘essor du transport routier désormais plus sûr, plus rapide et moins coûteux, allait entraîner l’affaiblissement puis la disparition des transports fluviaux.

La Seconde Guerre mondiale écrit des pages difficiles de l’histoire du pont de Libourne. A la fin du mois de juin 1940, la ville est occupée par les allemands. Ses ponts sont considérés comme des points stratégiques, sujets d’une surveillance étroite en raison des risques de bombardements alliés et des actions de sabotage menées par les réseaux de résistance. Ce qui n’empêchera pas les allemands en déroute de dynamiter les ponts de Libourne, le 28 août 1944 pour couvrir leur fuite vers la poche de Royan.

Libourne libérée, les trois arches détruites par l’explosion seront rapidement reconstruites à l’identique afin de rétablir les circulations indispensables à la poursuite de la libération de la France.

Dans les années 1970, le pont est modifié pour être adapté aux conditions modernes de la circulation automobile. Son tablier est élargi et ses parapets en pierre de tailles sont remplacés.

Jeanne D’Albret, dame de Vayres

Jeanne d’Albret est une figure féminine majeure du 16éme siècle français. Nièce de François 1er et cousine de 4 rois de France, elle est aussi reine de Navarre et mère d’Henri IV. 

Princesse cultivée et d’un fort tempérament, elle se montrera sensible aux idées de la Réforme Protestante et annonce, le jour de Noël 1560, sa conversion au protestantisme.  Sous son influence, la Navarre devient dans les années qui suivent l’un des principaux foyers du protestantisme dans le sud de l’Europe. A sa mort en 1572, son fils Henri IV reprendra la tête du parti protestant pendant les Guerres de Religion.  Il deviendra Roi de France à la mort de son cousin Henri III en 1589 et restaurera la paix civile en France en signant l’édit pacification, plus connu sous le nom d’Edit de Nantes en 1598.

 

La Maison d’Albret est l’une des familles les plus illustres de la noblesse française. Cette famille est originaire des Landes de Gascogne. Elle prospèrera tout au long du Moyen-Âge par d’habiles mariages et par un jeu d’alliances judicieuses durant la guerre de Cent-Ans, qui lui permirent d’agrandir sans cesse son patrimoine et son pouvoir politique dans le Sud-Ouest et le Centre de la France. En 1484, le mariage de Catherine de Navarre avec Jean III d’Albret, grands parents de Jeanne, permet à cette famille d’accéder à la dignité royale et de gouverner la Navarre qui est alors un état tampon indépendant entre la France et l’Espagne.

La baronnie de Vayres, à laquelle était rattachée la paroisse d’Arveyres, fit partie des domaines de cette famille pendant plusieurs siècles. Henri IV la vendit en 1583 à la famille de Gourgue.

La palus  d’Arveyres

La palus d’Arveyres est constituée par une vaste boucle de la Dordogne. Son sol est essentiellement constitué de dépôts sédimentaires accumulés au fil du temps. Ces terrains sont bas, protégés contre les inondations depuis le 18ème siècle par un ensemble de digues, complété par un réseau de jalles et d’esteys pour mieux réguler l’humidité des sols selon un modèle d’aménagement importé dans le bordelais par les ingénieurs hollandais. Ces travaux réalisés depuis bientôt trois siècles ont permis la mise en culture de ces terres essentiellement consacrées à l’élevage, chevalin ou bovin. Il existe dans cette zone un lieu appelé Bastouney dont le nom, traduit en français, signifie la bergerie.

Il en résulte un paysage de bocage avec de vastes champs et de nombreux prés séparés par des haies vives et des futaies. Ce paysage est en rupture avec celui du saint-émilionnais où la monoculture de la vigne règne sans partage.

 

Dans le passé, la palus a cependant sauvé nombre de pieds de vigne. A partir de 1870, le phylloxéra ravage les vignes françaises. Ce parasite s’attaque aux racines du pied de vigne. Les quelques vignobles plantés dans les palus, dont la production était jusqu’ici réputée médiocre, furent les seuls à résister à cette infestation. Traversant ainsi l’hiver dans des sols gorgés d’eau, le phylloxera ne pouvait les atteindre. De cette époque date la grande réhabilitation des vins de palus.

Zone naturelle aux portes de Libourne, la palus d’Arveyres peut aussi offrir au promeneur attentif des rencontres avec des chevreuils, des écureuils, des cigognes ou encore des espèces florales rares, telle la fleur de la Pentecôte, une variété d’orchidée aussi appelée l’Orchis Pourpre, espèce endémique qui fleurit de mars à juin.