80e anniversaire de la Libération de la ville de Libourne

Dans le cadre des 80 ans de la libération de la ville et des 200 ans de l’édification du Pont de pierre (25 août 1824), la municipalité, en partenariat avec le journal Le Résistant et l’association Dé-ZIP vous invite à partager un moment convivial sur les quais de Libourne.

Dans le cadre des 80 ans de la libération de la ville et des 200 ans de l’édification du Pont de pierre (25 août 1824), la municipalité, en partenariat avec le journal Le Résistant et l’association Dé-ZIP vous invite à partager un moment convivial sur les quais de Libourne.

Au programme à partir de 17h :

-        Dévoilement d’une plaque commémorative en hommage aux groupes de résistants ayant œuvré pour cette libération – 18h15

-        Dj Set par le collectif « La Petite Populaire » - 17h à 18h puis de 19h30 à 23h

-        Démonstration de danses par l’association Fais-moi danser en Libournais – 19h

-        Ateliers de construction d’un pont avec Kapla

-        Exposition historique

-        Fresque collective

-        Foodtrucks et Bal populaire

 

Jusqu’au 28 août 2024, replongez dans l’histoire en suivant notre mini-série : tous les mercredis un nouvel épisode disponible sur nos pages Facebook, Instagram et sur libourne.fr. 

L’occasion de s’approprier la 2nde Guerre mondiale au travers de modes de communication actuels.

Ces publications sont réalisées à partir d’archives, de témoignages récoltés et mis en scène afin de vous faire connaître ou revivre quelques éléments importants de l’histoire Libournaise.

Épisode 1/8 : René Tallet (dit Violette) 

En août 1944, les Allemands rencontrent de grandes difficultés. Le 16 août, Hitler ordonne à ses troupes de quitter le sud de la France. Le 19, la garnison allemande de Brive est prisonnière, celle de Limoges capitule. La route d’Angoulême étant coupée par la Résistance Française, la garnison allemande de Périgueux décide donc de se replier vers Libourne par la RN 89.

C’est une colonne de plusieurs milliers d’hommes (soldats, civils, état-major) qui prend la route sous le commandement du colonel Sternkopf. Le 20 août, le bataillon “Roland” libère Saint-Astier. Le 21 août, les bataillons FFI déclenchent un tir nourri sur le convoi à partir de Saint-Astier; Les troupes allemandes ripostent, reprennent la ville, fusillent 21 otages en représailles et gagnent Montpon où elles passent la nuit. Le bataillon “Violette” arrivé trop tard à Saint Astier, décide de poursuivre le convoi Allemand et le double la nuit au niveau de Montpon.

Le bataillon Violette est né dans les bois de notre région, c’était un groupe de résistants créé et mené par René Tallet alias “Violette”, fils d’une famille paysanne de Dordogne. Ces soldats de l’ombre ont toujours cru à la victoire et se sont battus sans relâche contre l’occupation allemande.

Le 22 août, dès 5 heures, “Violette” dispose ses hommes sur la rive droite de l’Isle entre Le Pizou et Saint-Antoine. La RN 89 est en face d’eux sur la rive gauche. Au lever du jour, la colonne Allemande reprend sa route vers Libourne. Vers 8h, une compagnie cycliste allemande vient en reconnaissance, fouille les maisons, s’approche du barrage mais la patrouille allemande ne se rend compte de rien. Lorsque la tête de la colonne Allemande arrive au niveau de Saint Antoine, les diverses unités du bataillon “Violette” ouvrent le feu. La surprise est totale, la colonne Allemande est stoppée. Cependant, l’ennemi se ressaisit et s’organise. Dans l’après-midi, il reprend le pont de Saint Antoine mais est repoussé par les hommes du sous-lieutenant Schalk.

Finalement, le convoi allemand parvient à se dégager et reprend sa route vers Libourne. Il est 18 heures. L’opération fait 9 morts et 4 blessés au sein du bataillon Violette et certainement davantage côté allemand. Une bataille est terminée mais pas la guerre, le bataillon Violette participe à tous les combats de la Libération.

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Sources : Journal Le Résistant, @Histoire et Patrimoine du Nord-Libournais - GRAHC, https://resistancefrancaise.blogspot.com/

Prochain épisode : 17 juillet

Retrouvons-nous le 28 août sur les quais de Libourne pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de la ville

Épisode 2/8 : Le Résistant 

« La République de Bordeaux et du Sud-Ouest adresse un ultime appel à toutes les énergies françaises pour la Libération de la Patrie et la restauration des libertés républicaines ». 

Voilà ce que l’on peut lire dans un journal clandestin daté de juin-juillet 1944 et qui invite clairement les Aquitains à l’action. Dans l’ours de cette publication, on apprend que l’on peut trouver cet organe de presse « quelque part en France ». Son directeur, qui se fait appeler Jean Rochefort, dit être chef de la Résistance.

C’est en fait à deux pas de la place Abel-Surchamp et de l’hôtel de Ville de Libourne, dans la rue Victor-Hugo que ce journal est imprimé. Au rez-de-chaussée d’un immeuble, sur les machines d’un hebdomadaire dirigé par Nelson Seguin « La Tribune du Libournais » devenu aujourd’hui « Le Résistant ». 

En 1919, Nelson Seguin reprend un journal et son imprimerie attenante qui, au lendemain de la première guerre mondiale, s’appellera « La Tribune du Libournais ». Durant l’occupation, « La Tribune » comme on l’appelle ici ne cessera de paraître.

À l’époque, rédacteur en chef n’était pas un métier à part entière. René Lhubert était instituteur dans la région et signait dans les colonnes le « Cadet de Gascogne ». Soumis au contrôle de la Propaganda Staffel, certains thèmes, articles et communiqués officiels étaient alors imposés et chaque semaine le journal était soumis au contrôle des agents à Bordeaux. Mais l’histoire retiendra que René Lhubert savait manier la plume avec habileté et ses articles étaient à double sens ou contenaient des messages cachés… 

Dès 1942, Nelson Seguin et Louis Jung (son gendre), soutenus par une petite poignée d’employés, décident de passer à la vitesse supérieure. De nuit, ils éditent non seulement un journal clandestin – « La République » – mais falsifient également des documents administratifs et impriment des faux papiers. Pour masquer le bruit, les machines de presse sont tournées à la manivelle. Les documents, dissimulés dans une cache aménagée sous le plancher, attendent tranquillement leur livraison… toujours de nuit. L’entreprise était périlleuse et il ne fallait pas oublier de jouer avec les chiffres et ne pas hésiter à tricher sur les quantités de papier rigoureusement contingentées.

L’équipe libournaise n’aura jamais été suspectée. Pour autant, cela ne l’empêchait pas d’avoir peur parfois, et plus particulièrement à l’aube, à l’heure des interpellations.

À la Libération, de nombreux nouveaux titres de presse ont fleuri partout en France. La plupart portent fièrement l’allégresse d’une liberté retrouvée. « La Tribune du Libournais », dont on a voulu saluer le courage des équipes qui ont œuvré dans la clandestinité, jouit à cette époque d’un prestige rare, celui de s’appeler désormais… Le Résistant. 

La famille Jung conserve l’entreprise. À la tête du journal et de l’imprimerie, Louis Jung passera le relais à son fils Alain jusqu’en 1993. À cette date, l’imprimerie est arrêtée. L’hebdomadaire est par la suite racheté par le Groupe Sud-Ouest. Aujourd’hui, il est toujours vendu à près de 8 000 exemplaires. L’équipe est étoffée sur son territoire de diffusion par un réseau de correspondants locaux qui chaque semaine participent à l’attachement que les lecteurs ont pour ce journal. À quelques mètres des bureaux d’origine, toujours dans la même rue, 8 personnes composent l’équipe du site de Libourne : 4 journalistes (rédaction d’articles et photos) ; 2 paoïstes (mise en page et saisie copie extérieure) ; une commerciale (pour vendre de la publicité) et une personne à l’accueil du journal chargée de l’administratif.

Le journal a su évoluer avec son temps et un site internet casse le rythme de l’hebdomadaire pour publier des informations au quotidien (www.leresistant.fr). La pagination a elle aussi évolué ces dernières années et l’hebdomadaire a largement étendu sa zone de diffusion. Chaque semaine une quarantaine de pages, en couleur, relatent l’actualité de 5 cantons de la Gironde : en Gironde le Nord Libournais, le Libournais-Fronsadais, Créon et une partie de l’Entre-deux-Mers, les Coteaux de Dordogne, le Réolais et les Bastides; et de 2 cantons de la Dordogne : le Pays de Montaigne et Gurçon et Montpon-Menestérol. Un cahier Sports permet de suivre la vie des clubs de la région et un cahier Loisirs rassemble les multiples sorties culturelles et ludiques du grand Libournais. À noter que le journal publie chaque semaine des petites annonces de professionnels et de particuliers et qu’il est habilité à recevoir les annonces judiciaires et légales.

Le journal s’appelle toujours Le Résistant et aujourd’hui, vous savez pourquoi.

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Sources : Le Résistant

Prochain épisode : 24 juillet

Retrouvons-nous le 28 août sur les quais de Libourne pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de la ville 

Épisode 3/8 : Myriam Errera

10 janvier 1944 : Il est 20h30 quand le souper vient de s’achever au 35 rue Giraud.

Blanche Daguet, 11 ans, et sa petite sœur Josette, 3 ans et demi, sont en train de jouer. Leur père est parti chez les voisins écouter la BBC. Vers 22 heures, de grands coups retentissent sur la porte. Cinq soldats allemands pénètrent le domicile familial armes à la ceinture et fouillent la maison de fond en comble. Ils viennent chercher Mme Gilberte Daguet et ses deux filles Blanche et Josette pour les emmener à la prison de Libourne.

 

Arrivées à la prison, elles retrouvent leur cousine Myriam Errera, sa mère et sa grand-mère. Comme Blanche et Josette, Myriam aurait été avertie de la rafle au collège, sans pouvoir y échapper, ne sachant où aller.


Monsieur Daguet, le père de Blanche et Josette, procurera les certificats de baptême de ses 2 filles en prouvant leur appartenance à la religion catholique. Blanche et Josette purent ainsi quitter la prison le 12 janvier 1944. Pas Myriam. 

Myriam est née à Libourne le 26 mars 1926 et réside avec ses parents et son frère au 89, avenue de Verdun à Libourne. Elle pratique la gymnastique au club libournais Pro Patria. De temps en temps, elle travaille à la bijouterie Guillot, place Abel-Surchamp. Ses parents eux tiennent un banc de confection et vendent du tissu sur les marchés du Libournais. Mais l’occupation par les forces allemandes les pénalise beaucoup à cause de nombreux interdits. Cette famille juive est soumise aux lois anti-juives promulguées par Vichy : déclaration de leurs biens, interdiction de travailler, de fréquenter certains lieux publics, et surtout obligation de porter l’étoile jaune à partir de 6 ans. La patronne de Myriam lui avait interdit de la porter dans la bijouterie, pour ne pas froisser les clients…

Le 10 janvier 1944, 12 personnes sont arrêtées à Libourne. Elles sont ensuite déportées pour Drancy puis Auschwitz par le convoi 67. Myriam a été gazée à son arrivée, elle avait 17 ans. Gilberte Daguet fut transférée au Camp de Drancy puis à l’Hôpital Rothschild, où elle restera jusqu’à la Libération. Épouse d’un catholique, elle avait échappé aux camps. Le frère de Myriam, Henri, qui s’est échappé par l’arrière de sa maison dès les premiers coups donnés sur la porte, s’est engagé par la suite dans la Résistance. 

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Source : témoignage de Josette Mélinon, présidente de l’association “Souvenirs de Myriam Errera”

Prochain épisode : 31 juillet
Retrouvons-nous le 28 août sur les quais pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de la ville

Épisode 4/8 : Claude TRIJAUD

“Je m’appelle Claude Trijaud. Je suis né le 28 février 1930 à Guîtres, à 5 km de Coutras. Ma mère était institutrice à Guîtres. Je suis rentré en 6e au collège de Libourne, le vieux collège Michel de Montaigne, et en 1943, nous étions donc en 4e quelques jours avant Noël, nous avons été réunis pour faire une photo de classe, c’était en décembre 43.

En janvier 44, nous étions en cours et à ma droite, il y avait Sztark, on était toujours ensemble, je pense qu’on était par ordre alphabétique mais enfin on était ensemble on s’entendait très bien. Moi je m’entendais très bien avec mes copains… C’était un petit collège, pas un grand lycée. Nous étions en cours et la porte s’est ouverte, le surveillant général est rentré et il a dit : Sztark prenez vos affaires et venez avec moi.
Il s’est levé, il est parti comme si c’était sa grand-mère ou son grand-père qui était décédé. On pensait cela. Je le suivais des yeux parce que c’était mon voisin. Dans la pénombre du couloir, j’ai aperçu au moins un homme qui avait un chapeau mou sur la tête. C’est le seul souvenir que j’ai et évidemment on ne l’a jamais revu. Sztark a disparu corps et biens.

On était ado, j’avais 13 ans. C’était une année mouvementée et sur le moment cela ne nous a pas touché.C’est beaucoup plus tard quand j’ai vu les films sur la Shoah qu’on a commencé à parler des rafles, on ne savait évidemment pas qu’elles existaient (et ils ne s’en vantaient pas), que j’ai fait le rapprochement. Je me suis dit mon copain ils l’ont arrêté à côté de moi. Voilà. C’était dans l’hiver, peut-être en janvier, peut-être février. Il avait 13 ou 14 ans...
Il y avait le couvre-feu, on rentrait après les cours et moi j’étais chez une vieille dame parce qu’il n’y avait pas d’internat, les Allemands occupaient le premier étage du collège. Je me souviens de son nom mais je ne me souviens pas des prénoms...1

J’ai lu tout ce qui était raconté au sujet du mois d’août de la Libération et ce qui m’étonne complètement c’est qu’on ait occulté totalement l’explosion d’un train de munitions dans la gare de Libourne, au moment du Débarquement. Je peux vous dire que c’était entre 8h30 et 9h le matin parce que j’arrivais en bicyclette de Guîtres... À l’époque, vers le garage Renault, il y avait un passage à niveau que l’on appelait le passage à niveau des Billaux. J’arrivais à cet endroit et d’un seul coup il y a eu un souffle au-dessus de ma tête et j’ai vu passer des avions américains en rase motte, instinctivement je me suis fichu dans le fossé, et quelques secondes plus tard, il y a eu une explosion énorme. Il y avait un train plein de poudre, de munitions, de plaquettes jaunes qui a explosé dans la gare, soufflant complètement le hall.

J’ai eu une de ces frousses, j’avais 14 ans à l’époque et je me souviens du jour. Je suis donc allé en cours et quand à midi on est sorti sur la place Decazes devant... il y avait les plaquettes jaunes comme des plaquettes de chewing-gum qui se baladaient partout et on marchait dessus. Et pendant au moins 2 ou 3 ans, la gare de Libourne n’a pas eu de trains. Ils ne l’ont reconstruite que beaucoup plus tard. Et personne n’en parle... C’est un souvenir personnel, je peux vous dire entre la place Decazes et la gare, il n’y avait plus une seule vitre, toutes les vitres étaient tombées. Les ponts, je ne sais pas parce que moi j’étais à Guîtres au mois d’août. C’est en revenant en 3e que j’ai vu que les 3 ponts avaient sauté. Mais le bombardement par des... cela s’appelait des Lightning P quelque chose2. Saint-Exupéry est mort dans un de ces avions. C’est des avions à deux carlingues, il y a un pilote et ils ont fait sauter ce train qui était dans la gare… J’ai vu cette explosion, c’est impressionnant, un nuage de fumée qui montait telle une montagne. Il y avait la DCA allemande qui s’est mise à tirer mais les avions étaient déjà partis. C’était dans la période du Débarquement la même année3.”

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1 Il s’agit de Gérard Sztark, décédé en 2006. Il ne fait pas parti de la rafle du 10 janvier 1944
2 Il s’agit des Lightning P38
3 La date exacte est le 31 mars 1944

Sources : témoignage personnel de monsieur Claude Trijaud et Archives de Libourne
Prochain épisode : mercredi 7 août

Épisode 5/8 : Thérèse (et René) BOUSSAT

Thérèse et René Boussat, nés au début du XXe siècle, se rencontrent à l’occasion d’un bal, dans le village de Lévignac en Lot-et-Garonne. Quelques mois avant la guerre, ils quittent le Lot-et-Garonne, traumatisés par le décès prématuré de leur premier enfant. Ils se fixent alors à Libourne pour ouvrir un salon de coiffure qui donne sur la place Decazes. 

Ils entrent tôt dans la Résistance, et mettent en place à Libourne, avec une dizaine d’amis, un réseau pour cacher et faire passer des personnes en Espagne, en les aidant à franchir la Dordogne. Quand René-Charles s’occupe d’organiser les traversées, Thérèse fait passer des messages. 

En 1940, au moment de la Débâcle, les Barachek, commerçants juifs à Paris, s’enfuient en direction du sud comme des millions de civils français et les Boussat leur offrent l’hospitalité en les accueillant chaleureusement à Libourne.

Tout au long de la guerre, ils poursuivent leur rôle de passeurs et aide au franchissement de la ligne de démarcation : résistants, patriotes désireux de rejoindre les Forces Françaises Libres (dont le 1er jeune frère de René Boussat) et bien entendu Juifs réfugiés. Si les Barachek franchissent la ligne, leurs deux nièces Pierrette et Nelly restent à Libourne. Ils ont une telle confiance en leur hôtes qu’ils leur confient de l’argent pour acquérir une maison dans un coin tranquille près de la Dordogne. C’est ainsi que les nièces Barachek deviennent “locataires“ de la famille Boussat. Plus cocasse encore, il se trouve qu’une partie de la maison est réquisitionnée pour des officiers de la Wehrmacht. Ainsi, des enfants juifs cachés ont vécu sous le même toit que des officiers allemands ! Cette entreprise périlleuse doit également sa réussite à l’aide indispensable et permanente de leurs voisins. 

Les Boussat ont fait preuve d’un courage admirable et de bonne volonté en s’occupant des Barachek, n’attendant rien en retour. L’amitié entre les deux familles s’est poursuivit pendant de nombreuses années après la guerre.  

Et le 5 février 2006, Yad Vashem – Institut International pour la Mémoire de la Shoah, a décerné le titre de Juste parmi les Nations à Madame Augusta-Thérèse et son mari Monsieur René-Charles Boussat. 

Source : témoignage de Christian Boussat, fils de Thérèse et René
Prochain épisode : mercredi 14 août
Rdv le 28 août sur les quais pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de Libourne
 

Épisode 6/8 : Lucien Soulat

Sergent-chef aux sapeurs-pompiers de Paris en 1941, Soulat organise un groupe de résistants (en compagnie du lieutenant Gaunay, de l’adjudant Doret, des sergents Richard, Malhomme, Brummer, etc. tous de la 5e compagnie de ce régiment). Ce groupe fait, avec beaucoup d’esprit de suite, de l’obstruction aux ordres des Allemands. 

 

Soulat, nommé adjudant et désigné pour faire des cours dans 80 postes de secours de la défense passive de Paris, en profite alors pour faire de la propagande anti-allemande. Dénoncés par une lettre anonyme, lui et un comparse sont arrêtés et interrogés par la Gestapo sur les agissements de Mme Perreti de la Rocca, qui s’occupait d’évasions de prisonniers. Soulat subit un interrogatoire de sept heures, mais par son attitude, sauve la doctoresse de la défense passive. Ne voulant plus recevoir d’ordre des troupes d’occupation, Soulat demande sa démission des pompiers de Paris et est nommé en juin 1943, capitaine des sapeurs-pompiers de Libourne. 

Dès son arrivée, le 7 juin 1943, il met sur pied un groupe de résistants (groupe Lucien) et reçoit des ordres du lieutenant-colonel Camplan (alias Vignaud), quand la liaison est assurée par M. Bittard, chef des équipes d’urgences de la Croix Rouge Bordeaux. Soulat fournit ainsi à Bittard des renseignements de toute nature sur les troupes d’occupation.

Il n’est pas seul dans cette entreprise et peut compter sur l’engagement sans faille des sapeurs-pompiers : Jean Labrot, Guy Boissonneau, MM. Sariran, Gerbaud, Barjou, Taty et Maurice Châtelain.

 

L’entreprise engendre son lot de difficultés et de trahisons, deux arrestations ont lieu à Bordeaux : des agents de renseignements travaillant avec Soulat sont arrêtés. Ce dernier est averti, il faut qu’il parte… Ne voulant pas faire découvrir son organisation par son départ, il décide de rester malgré tout !

 

Désormais l’objet d’une surveillance serrée des Allemands, qui se doute de quelque chose, le groupe Lucien continue à s’organiser et à s’instruire… En septembre 1943, l’effectif du groupe atteint 180 hommes. En octobre 43, Soulat reçoit des Landes (Ychoux) des armes par camion (55 mitraillettes, 108 grenades, de nombreux engins divers, des explosifs, 4800 kilos en tout). Le stock est entreposé plusieurs mois au Grand Moulinet, près de Libourne. Il sert aussi de lieu d’entraînement et d’entretien actif ! Trahi et dénoncé aux Allemands, mais averti à temps, les armes sont transférées aux carrières de Fronsac. Si les Allemands perquisitionnent le lendemain, heureusement, rien n’est découvert. 

 

L’instruction continue, le matériel reste en sûreté un mois de plus à Fronsac, dans une période où les Allemands traquent les comportements inhabituels et où les dénonciations sont légions. Les groupes de résistants ne cessent de harceler les troupes allemandes, quelque chose se prépare, la libération de Libourne approche… 

 

Sources : Michel Barjou, La Petite Gironde, Le Résistant, Sud Ouest, Les Archives de la Ville de Libourne
Prochain épisode : mercredi 21 août
Retrouvons-nous le 28 août sur les quais de Libourne pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de la ville
 

Épisode 7/8 : Jean-Pierre Lescoul 

Durant quatre années d'occupation allemande, un maquis local s’est développé et va largement participer à la libération de la ville de Libourne. 

 

C'est en 1941 que le capitaine Jean Bernadet, ingénieur des Travaux Publics venant de l'Allier, crée à Libourne le premier noyau de la Résistance avec ses amis Jean Limouzin, Marc Tranchère et Roger Desclaux.

 

Dès février 1942, un poste émetteur leur est confié et le groupe réalise de premières missions de renseignements.Les ordres viennent de Bordeaux et sont transmis par le parachutiste Victor. Les informations recueillies concernent le mouvement et l'état des troupes allemandes. Sont particulièrement surveillés les ports de Bordeaux et de Blaye, les aérodromes de Mérignac, Cazaux et Bussac, les entrepôts de munition de Bédenac, de Tripoteau à Abzac et du Bois de Salles à Libourne, ainsi que les voies de communications et les objectifs potentiels pour les bombardements anglais. Ce travail déboucha notamment sur le mitraillage, par les Anglais, de la gare de Coutras et du central électrique de Pomerol, ainsi que le sabotage, en gare de Libourne, de deux wagons provenant de la poudrerie de Bergerac.

 

En mars 42, plusieurs jeunes libournais désirant être actifs contre l'occupant, prennent contact avec le Capitaine Jean (Jean Bernadet), qui les oriente vers le colonel Fourrier avec lequel ils poseront les premières bases d'un maquis local. Début 43, ces jeunes Libournais rejoignent provisoirement le Groupe Jules Auffray au maquis de Meymac en Corrèze. Ce sont Lescoul, Lévêquot et Rebeyrol, puis Bonny, Bitard et Dubieilh.

Début 1944, forts de l'expérience acquise, les Libournais partis au maquis de Corrèze, rentrent au pays pour créer sur place avec de nouveaux volontaires, le “Maquis du Chêne Vert”, dans les bois de Maransin. Ce sont les Lieutenants Dubielh et Sicot, avec le sous-Lieutenant Lescoul dit “Framinus” qui mettent sur pied cette unité clandestine pour préparer la libération de Libourne et de ses environs. L'effectif engagé dans ce maquis s'élève à 58 hommes.

À partir du 21 août 1944, l’ensemble des forces de la résistance libournaise, en coordination avec les groupes FTPF (Les Francs-tireurs et partisans français) voisins, sont mobilisés pour chasser l’occupant. Le Maquis du Chêne-Vert et les 4e et 6e bataillon FTPF, venus de Dordogne, libéreront les communes de Villefranche, Lussac, Puisseguin, Saint-Emilion et Montagne.

Après avoir libéré Castillon le 25, le groupe Demorny est chargé de “nettoyer” les troupes allemandes restantes dans les châteaux de l’Est de Libourne. Cette opération, connue sous le nom de “La bataille des quatre châteaux”, à laquelle participe également le Maquis du Chêne Vert, fut une des plus meurtrières de la libération de Libourne.

 

Après avoir pris facilement le Château Ripeau et le Château de la Dominique en faisant 3 prisonniers et en abattant 10 allemands, les partisans se retrouvent au château l’Evangile, face à une résistance farouche. Les Allemands se replient vers le Château Cheval Blanc, puis reprennent position au château Ripeau, et résistent 4 heures durant, jusqu’à ce qu’un détachement de la compagnie Annic, viennent les épauler et leur permettre de briser l’encerclement. Les Allemands subissent de lourdes pertes, quand les maquisards comptent 4 morts et de nombreux blessés. À Saint-Michel-de-Fronsac et à Carré, d’autres escarmouches font également des victimes. Les partisans sont aux portes de Libourne, l’étau se resserre…définitivement !

Sources : témoignage du fils de Jean-Pierre Lescoul, Sud Ouest, Le Résistant
Dernier épisode : mercredi 28 août
Retrouvons-nous le 28 août sur les quais de Libourne pour célébrer le 80ème anniversaire de la libération de la ville
 

Épisode 8/8: Libourne libérée 

Il y a 80 ans jour pour jour, prennent fin quatre années d’occupation depuis ce 26 juin 1940 où une colonne motorisée, en provenance de Saint-André-de-Cubzac, avait pénétré dans la sous-préfecture, dirigée alors par le maire, nommé par Vichy, Abel Boireau.

Lundi 28 août 1944, 20h30, la garnison allemande, forte de 260 hommes armés de mitrailleuses lourdes, de canons, de tanks, sort de la caserne Proteau. Après plusieurs négociations, le commandant Angelini, connu sous le nom de commandant Louis, un des chefs des Forces françaises d’intervention (FFI), obtient finalement la reddition des Allemands. Aboutissement de plusieurs années de lutte. 

C’est quelques jours avant, le 26 exactement, que l’Oberleutnant Moz accepte un premier ultimatum du commandant Louis. Le lendemain, le 27, alors que l’ennemi prend la route de Bordeaux, il est attaqué à Arveyres par des maquisards incontrôlés. Les Allemands se replient vers la sous-préfecture. Il est 19h30, le couvre-feu est déclaré et les soldats arpentent les rues de Libourne, armes à la main. Rue Montaudon, ils abattent froidement cinq hommes qui rentraient tranquillement chez eux : Roger Riva, Raoul Lesseur, Louis Duval, René Ardouin et Jean Guerry. De nouvelles négociations s’engagent. 

Le lendemain, 28 août, le commandant Louis reprend donc contact avec l’officier de la Wehrmacht dans le square du XVe-Dragon. Moz l’assure qu’il évacuera la ville sans destruction. Le convoi s’ébranle, emprunte le cours des Girondins vers le pont de Fronsac sous la surveillance des maquisards des groupes Loumes-Delas, La Chapelle et Police, Limouzin et Lucien.

  • Groupe Loumes-Delas : la poste
  • Groupe Lachapelle et Police : la mairie
  • Groupe Limouzin : la sous-préfecture
  • Groupe Soulat : abords des ponts

L’ennemi essuie des tirs inattendus et riposte alors que la population exulte place Abel Surchamp. Le canon tonne, un obus zèbre le ciel et s’écrase hors de l’enceinte de la ville. Il est 21 heures, les hommes de Soulat donnent l’assaut poussant les Allemands à se replier. Lorsque soudain, plusieurs déflagrations retentissent. Les trois ponts ont sauté, éventrés par le milieu. À minuit, Libourne est définitivement libérée. 

Le lendemain, c’est dans une ville pavoisée aux couleurs nationales que les partisans des différents maquis défilent. Vêtus de leurs habits de civils, ils arborent avec fierté leur brassard et leur modeste armement. Place Abel Surchamp, c’est dans une ambiance de liesse populaire qu’est créé le Bataillon FFI Le Libournais, composé de l’ensemble des forces de la Résistance, et mis sous les ordres du commandant Bernadet. Ces hommes continueront la libération de la France sur les fronts de Royan, du Médoc, puis, pour beaucoup, intégrés au sein de la 1re armée, ils participeront aux offensives sur l’Allemagne ou l’Italie.