Panneau 14 : Les Dagueys
Une zone naturelle aux abords de Libourne
Située sur le territoire de Libourne à la limite des communes de Saillans et des Billeaux, éloignés de la bastide, les Dagueys ont longtemps figurés parmi les zones rurales de la banlieue de Libourne. Le nom même du site signe cet éloignement du monde urbain, un « daguey » est un chevreuil de moins de 2 ans. Encore largement présents autour du lac de vastes bocages et des bois verdoyants affirment toujours cette appartenance au monde rural sur des terrains sensibles aux crues de l’Isle et de la Barbanne.
Ces zones naturelles ne sont pourtant pas sans histoires. L’importance historique de la Barbanne, petite rivière qui fut longtemps l’une des limites du territoire de la commune de Libourne, les échauffourées des guerres de religions, lorsque la ville, catholique, était entourée de territoires protestants, constituent les éléments remarquables du passé de ce territoire campagnard.
La poussée Urbaine
Depuis la fin du 18ème siècle, cette zone s’est urbanisée progressivement. Ce fut d’abord la construction de résidences de plaisance et de domaines campagnards à l’image du château du Pintey. A partir des années 1950 apparaissent les premiers programmes immobiliers tels que la résidence du Pintey et le lotissement des Castors. Progressivement les Dagueys deviennent un quartier de Libourne à part entière, équipé d’écoles, de commerces et même d’une chapelle. En 1959, la création d’une zone industrielle de 25 Ha en limite nord-est du quartier permet à Libourne de maintenir son dynamisme économique et de s’inscrire dans le cadre d’un contrat de ville moyenne passé avec l’État.
La campagne, les loisirs et la ville.
Dans les années 1990, l’exploitation d’une gravière permet de créer un lac devenu le centre d’activités sportives de haut niveau et de compétitions internationales d’aviron ainsi qu’un lieu de loisirs très apprécié dont la plage et la Calinésie sont les emblèmes les plus remarquables. Mais à côté de ces symboles des loisirs modernes. La ferme de la Barbanne, les rives de la Barbanne sillonnées de nombreux chemins, les bois qui s’étendent le long des berges de l’Isle vous invitent à communier avec la nature et la douceur de vivre.
Les DAGUEYS : Développements internet
Le secteur des Dagueys présente la particularité de regrouper, non sans harmonie, trois activités pourtant très différentes : une zone industrielle où s’activent de nombreuses entreprises, des logements résidentiels et, au cœur d’une zone naturelle préservée, un centre nautique épicentre de nombreuses activités sportives et de loisirs. C’est le résultat d’une situation géographique spécifique et de l’évolution du territoire libournais.
Aux limites de la juridiction de Libourne
La Barbanne, Ruisseau Frontière
Il est assez facile de reconnaître le parcours de la Barbanne à travers la campagne libournaise. Ses rives sont presque toujours boisées, même au milieu des vignes, et ponctuées par des moulins aujourd’hui désaffectés. Tout au long de son cours cette petite rivière joue un rôle écologique considérable, puisqu’elle entretient sur ses rives une faune et une flore importante contrastant avec la monoculture des vignes environnantes.
La Barbanne est le plus important des ruisseaux qui coulent vers l’Isle en traversant le secteur des Dagueys. Elle prend sa source sur la commune de Puisseguin, traverse les vignobles de Montagne, Saint Émilion, Pomerol, La Lande de Pomerol et rejoint l’Isle après un parcours de 23,5 Km.
Cette rivière eut pendant plusieurs siècles un rôle historique et administratif important. Lorsque Fozera devint une bastide en 1270, une jurade fut instituée pour administrer la ville nouvelle et les territoires qui en dépendaient. Cependant leurs limites n’avaient pas été fixées. Ce n’est que qu’en 1283, treize ans après avoir créé la bastide qu’Edouard Ier décida de faire de la Barbanne la limite séparative entre la juridiction de Libourne et celle de Puynormand, siège d’une puissante baronnie. De nos jours, la zone des Dagueys jouxte les communes de Saillans, des Billaux et de La Lande de Pomerol.
Une vie difficile
Durant la guerre de Cent Ans ses habitants devaient régulièrement fuir l’approche des armées ennemies en se réfugiant à l’abri des murs de la ville la plus proche, Libourne. Le danger passé, ils retrouvaient leurs biens dévastés. La succession des combats, des épidémies et des famines entraînera ainsi à la fin de la guerre de Cent Ans un dépeuplement considérable des campagnes du bordelais et du libournais. Entre 1450 et 1550 l’implantation de nouvelles populations venues de Saintonge et du Poitou remédiera à cette désertification. Cependant les diversités linguistiques et culturelles feront apparaître, aux portes de Libourne, le pays Gabaye, zone de mixité partagée entre la langue d’Oil et la langue d’Oc. Avec les communes de Guîtres et des Billaux, les Dagueys se situent à la frontière de cette zone de mixité socio-linguistique.
En 1579, l’Histoire conserve le souvenir de l’échauffourée des Gauthiers. Combat par lequel la milice bourgeoise de Libourne, défait une troupe protestante conduite par Jean de La Filolie, gouverneur du château de Fronsac, qui souhaitait s’emparer de cette ville catholique. Les habitants des Dagueys isolés dans la campagne ou regroupés en petites communautés subirent les effets de cet affrontement.
Il faut attendre la fin du 17ème siècle, et l’avènement d’une paix durable en Aquitaine, pour qu’apparaîssent les premiers développements qui feront du village des Dagueys le quartier qu’il est aujourd’hui devenu.
Un développement en plusieurs étapes
Le développement de la zone des Dagueys peut être divisé en trois étapes :
Une banlieue champêtre
Au milieu du 18ème siècle, Libourne s’échappe progressivement de ses limites médiévales. En périphérie de la ville, dans un habitat champêtre et diffus, les familles aisées se font alors construire des résidences de plaisance. Non loin des Dagueys, le château du Pintey est l’un des exemples les mieux conservés de ces demeures. Une grille imposante donne accès à une vaste cour. De part et d’autre des chais et des bâtiments agricoles encadrent une perspective conduisant à la maison de maître, le château proprement dit. Un pigeonnier et un moulin implanté sur la Barbanne complètent ce domaine. Cen effet si le château apporte à ses propriétaires un délassement campagnard très apprécié au siècle des Lumières, il commande aussi une exploitation agricole.
Au siècle suivant, les Dagueys conservent leur environnement champêtre, encore éloignés de la ville qui connaît une forte croissance de sa population, et développe en périphérie de la bastide de nouveaux quartiers. Ce n’est alors qu’un habitat diffus, et relativement modeste qui s’établit aux Dagueys et dans les lieux dits qui l’entourent : Brun, les Charruauds, le Pintey.
L’urbanisation de l’après-guerre et les Castors du Libournais
La période dite des Trente Glorieuses faisant suite à la Seconde Guerre Mondiale, va faire apparaître le quartier des Dagueys et transformer ce secteur rural en une véritable zone périurbaine.
Dans les années 1950, un premier lotissement est construit au lieu-dit les Charruauds. Il est constitué de 59 logements individuels batis par la société coopérative des « Castors Libournais ». Ce nom n’est pas qu’un hommage rendu à l’animal constructeur de barrages. Il évoque un mouvement coopératif d’auto-construction très actif dans de nombreuses villes de France.
Pour répondre aux difficultés de logement des années d’après guerre, les « Castors » s’associaient et mettaient en commun leurs compétences et leurs ressources pour construire eux-mêmes leurs logements. Venu de tous les horizons professionnels, chaque « castor » apporte au groupe ses compétences professionnelles, et participe aux travaux durant son temps libre.
A la fin des années 1950, trois barres d’immeubles d’habitation sont également construites avenue de la Roudet, face au château du Pintey. D’autres lotissements et d’autres programmes immobiliers ne cesseront d’être réalisés par la suite avec les infrastructures urbaines et commerciales nécessaires pour accompagner l’accroissement du nombre des habitants.
La Zone industrielle.
Soucieuse de garantir à Libourne un rôle industriel important avec les perspectives économiques et démographiques qui lui sont associées, le conseil municipal décide au début des années 1960 de créer et de promouvoir une zone industrielle de 25 Ha dans le secteur des Dagueys. Progressivement agrandie, cette zone devenue la zone d’activité de la Ballastière, compte aujourd’hui 38 ha et abrite plus de 230 entreprises dont certaines comptent parmi les plus importantes du Libournais.
Le terme « ballastière » désigne une carrière de pierre dont on extrait de la grave ou ugravier. C’est précisément la présence dans le sous-sol d’un important gisement de grave qui permit d’aménager ces terrains pour leur usage actuel. Paradoxalement, l’extraction de ce matériau allait également entraîner la valorisation d’un site naturel.
Loisirs et nature
L’exploitation de la ballastière terminée laisse dans les terrains une dépression impressionnante. Prévue dès les premiers plans de mise en valeur du secteur des Dagueys, la transformation de cette carrière à ciel ouvert en lac va alors pouvoir être opérée. Avec elle de nouvelles activités orientées vers les loisirs et la valorisation d’une zone naturelle vont venir compléter le développement industriel et urbain de ce secteur.
Le lac
De bonnes proportions, le lac des Dagueys mérite une présentation. Long de 2 200 mètres, sa largeur varie de 170 à 206 mètres. Avec une profondeur moyenne de 6 mètres et une surface de 40 ha, il renferme entre ses berges 2 000 000 de m3 d’eau provenant du sous-sol et des ruisseaux qui l’entourent.
Il est au centre d’une zone naturelle de 130 Ha bordée de bois et de prairies, ceinturée par les berges de l’Isle et de la Barbanne. De nombreux sentiers y sont aménagés, ainsi qu’une ferme permettant aux familles libournaises de renouer avec le monde agricole.
Mais le lac des Dagueys est aussi l’univers du sport et des loisirs. Partiellement ouvert à la baignade et aux activités de plage en été, il est aussi un pôle nautique international, un lieu privilégié notamment pour la pratique de l’aviron et du canoë kayak. En effet, le lac est équipé pour recevoir des compétitions internationales dans ces deux disciplines. Il présente en effet des conditions de navigabilité exceptionnelles, notamment grâce à ses berges rectilignes. Huit couloirs y ont été aménagés en conformité avec les normes olympiques permettant ainsi les meilleures conditions d’entrainement, et l’organisation de compétition de très haut niveau.
De ce plan d’eau exceptionnel profitent largement le club de canoë kayak et le club d’aviron de Libourne. Ce dernier est actuellement la plus vieille institution sportive de Libourne, fondée en 1876, et l’un des plus anciens clubs d’aviron de France. Une longue histoire, qui lui a permis d’acquérir ses lettres de noblesse avec de nombreuses consécrations aux niveaux national et olympique.
Grace au dynamisme de ces deux institutions sportives et aux opportunités offertes par le lac des Dagueys, il est possible à Libourne de pratiquer des sports nautiques à tous les niveaux, de la simple initiation jusqu’à la compétition.
La Calinésie
La Calinésie constitue actuellement l’équipement public le plus récent, implanté sur les rives du lac des Dagueys. Il a été édifié conjointement par la ville de Libourne et la Communauté d’Agglomération du Libournais, La Cali. Ce centre aquatique a été inauguré en 2022. La Calinésie prend ainsi la suite des piscines publiques qui ont ouvert leurs portes à Libourne depuis 1937. Cependant il ne s’agit plus d’une simple piscine.
La Calinésie comporte 3 bassins intérieurs, un espace bien-être et un espace restauration. En extérieur, ses visiteurs peuvent profiter de 5 bassins, dont un nordique, de 5 toboggans, et de jeux pour les enfants. Ainsi cet ensemble qui a déjà accueilli 240 000 visiteurs, permet-il autant l’entraînement des sportifs de haut niveau que la détente en famille.
Mais la Calinésie est également un équipement exceptionnel dans le domaine environnemental. L’eau des bassins provient du lac, elle est employée après avoir été rendue potable grâce à une filtration de haute technologie, ozone et céramique. L’alimentation électrique des installations est largement assurée par un toit photovoltaïque et des ombrières qui assurent 80% de la consommation d’électricité du centre. L’application de ces technologies de pointe à des installations aussi vastes fait de la Calinésie un site emblématique en la matière. Consacré par son succès auprès du public, le centre aquatique de la Calinésie est à plus titre incontournable dans notre région.